L'expression a été inventée par les libéraux, elle se trouve dans Jouvenel et dans Hayek, mais Tocqueville, on le sait, parlait déjà de tyrannie de la majorité à propos de la démocratie.
Cette expression est frappante à première vue, et pour cette raison elle plaît beaucoup : une recherche Google démocratie totalitaire donne presque un millier de résultats.
Elle a été récupérée à droite et à gauche, tant par l'américanophile Guy Millière, à propos de la France (il en a fait un livre en 1979), que par les gauchistes, ces éternels idiots inutiles, qui qualifient ainsi l'américanisme, le marché, la mondialisation ultralibérâââle, le capitalisme, enfin tout ce qui met en exergue leur veulerie, leur propre médiocrité et leur besoin d'être assistés par l'Etat paternel et la Sécu maternelle.
L'extrême-droite l'a adoptée aussi, le Front National en a même fait le thème d'une université d'été. Et pour terminer, les chrétiens s'y sont mis : "la démocratie, en dépit de ses principes, s’achemine vers un totalitarisme caractérisé", écrivait Jean-Paul II en 1995.
En fait, pour que la démocratie devienne totalitaire, il suffit que l'Etat et ses serviteurs accroissent toujours plus leur emprise sur les "administrés", "contribuables", "assujettis" (on ne parle pas d'esclaves, parce que les manuels scolaires disent que l'esclavage c'est mal). C'est ce qui se passe en France depuis de longues années :
Il ne reste plus, face aux énarques triomphants, que des individus isolés, donc sans pouvoir. (...) les entreprises, petites, moyennes ou grandes, qui pourraient être des foyers de liberté, sont étroitement tenues en laisse, l'école est devenue un lieu de propagande pour les idées collectivistes, les médias stigmatisent les "méfaits" sociaux de la liberté économique : la France est bel et bien devenue ce qu'il convient d'appeler une démocratie totalitaire, c'est à dire un pays où l'on peut encore voter mais où n'existe plus aucune liberté.
Les tyrannies ordinaires emploient la force, la violence, la menace permanente pour museler toute velléité d'opposition. La tyrannie énarchique est infiniment plus habile. Elle ôte à l'individu jusqu'à l'idée même qu'il pourrait se révolter. A cet effet, elle utilise deux moyens indissociables, tant ils sont complémentaires : la réduction à l'état d'assisté des uns, l'esclavage économique des autres. (Claude Reichman, "Le secret de la droite")
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